Villa H/K

Maison familiale à Brignais (69)

303

m2 de terrain

140

m2 de surface de plancher

89

m2 d’emprise au sol

Le Site

Situation territoriale

Brignais est l’une des sept villes de la CCVG : la Communauté de Communes de la Vallée du Garon. Bordé à l’Est par les hauts plateaux arboricoles d’Irigny et à l’Ouest par les pâturages de Soucieu-en-Jarrest, Brignais se situe dans une vallée ouverte par le Garon au milieu des coteaux du Lyonnais : axe Nord-Sud privilégié pour qui souhaite éviter le cours du Rhône et ses vallées industrielles. Ce territoire, historiquement agricole et viticole, a connu ces dernières années un étalement urbain conséquent. La prise de conscience de la disparition progressive du patrimoine paysager pousse désormais les communes à privilégier la densification des tènements déjà bâtis.

Situation urbaine

C’est précisément le cas du site du projet : situé en bordure du vieux-bourg, le tènement fait l’objet d’une nouvelle division foncière, détachant en fond de parcelle une aire de 300 m2 environ. Implanté sur l’emprise d’un ancien couvent et de ses dépendances, ce quartier en « première couronne » se caractérise par un tissu urbain semi-continu, de densité moyenne, épargnant çà et là de larges bouquets d’arbres et de verdures, reliquats de l’ancien jardin des moniales.

Aux alentours immédiats du site, de nouvelles maisons ont été récemment bâties. Au Nord-Est, c’est même de petits collectifs qui ont fait leur apparition. Et pourtant, les trois limites Nord, Est et Sud sont protégées par des espaces boisés classés et par un chemin piéton assurant la liaison entre tous ces jardins.

L’accès se fait par la rue de la Giraudière, spécimen emblématique des rues longues, étroites et tortueuses de ce terroir ; puis par une servitude de passage traversant le terrain jusqu’au lot à bâtir nouvellement créé.

Typologie de la parcelle

Le terrain présente la forme approximative d’un rectangle orienté Nord-Sud, de 20 m de « haut » par 16 m de « large ». Entouré au Nord, à l’Est et au Sud par des murs hauts, il évoque un hortus gardinus : un jardin au sens antique du terme ; un espace de paix, protégé de l’extérieur par une clôture. Parfaitement plat, ce jardin est orné d’arbustes sur sa limite Est. Ailleurs, une herbe verte et touffue tapisse le sol.

Les murs présentent des matérialités contrastées :

Au Nord, un vieux mur maçonné, constitué de galets roulés et de blocs de schiste nous montre le visage familier du terroir du canton de Givors.

À l’Est et au Sud, c’est un mur plus récent, fait de ciment recouvert d’un enduit coquille d’œuf, rythmé par des poteaux au dessin post-moderne.

Le terrain présente le visage d’un espace modeste, à l’interface entre des jardins publics, des espaces boisés classés et des zones nouvellement bâties. Ce quartier au visage contrasté épargne encore quelques parcelles comme la nôtre, dont la petitesse est accrue par une clôture haute et pleine.

L’enjeu est de transformer l’étau en écrin.

Transformer l’étau en écrin

Dimension onirique du site

Au-delà de la lecture urbaine et réglementaire du site, j’aimerais partager avec vous sa dimension poétique et onirique, à même de nous inspirer un projet véritablement ancré dans son environnement.

En méditant ma visite sur les lieux, deux mots me sont venus à l’esprit autour desquels j’ai construit cette réflexion : le chemin et le jardin.

Chemin vers un refuge, une maison se découvrant au bout d’un parcours. Il a commencé  moi à la sortie de la voie rapide, a continué dans la traversée des espaces périurbains chaotiques avant de plonger dans la longue et sinueuse rue de la Giraudière. Là, par surprise, le mur de maisons s’ouvre sur un portail, puis un autre, puis sur un chemin qui nous fait glisser le long du vieux mur pour enfin nous déposer dans un jardin.

Un jardin comme le définissaient les Orientaux : un monde clos, représentation du cosmos et de l’harmonie, préservé de l’entropie extérieure. Sa clôture n’est plus alors une prison, mais l’outil de son équilibre, l’artisan d’une paix intérieure, condition de l’ouverture sur l’extérieur. Ce n’est pas un étau, mais un écrin.

Ces considérations, pour peu tangibles qu’elles soient, sont néanmoins fondatrices dans la manière dont j’interprétai votre programme, et dont j’orientai le projet.

Aspect extérieur

Aspect extérieur

Volumétrie

Notre proposition va à l’essentiel : le volume strictement rectangulaire se fait le plus discret possible.

Matérialité

Afin de limiter l’impact visuel de la maison sur le reste du tènement, la matérialité décompose le volume en deux niveaux.

  1. Un socle en maçonnerie, fait de béton cyclopéen. La nature stratifiée de cet élément met en valeur l’horizontalité de la composition et concourt à « aplatir » le volume.
  2. Un étage en bois, en léger retrait et moins haut que le socle. Ce couronnement évocateur des granges rurales semble s’insérer dans la maçonnerie comme une boîte dans une autre. Ce parti apporte de la légèreté à l’ensemble sans en modifier le volume.

Il convient également d’atténuer la sensation de « plot » induite par les contraintes d’implantation. Pour ce faire, nous choisissons de relier le socle maçonné au mur Nord, comme si ce dernier n’en était que la continuité. Un traitement approprié en béton cyclopéen et en galets roulés peut renforcer ce sentiment de continuité et ancrer le projet dans son environnement plus sûrement qu’aucun autre artifice. Cette liaison permettrait de clore la cour, et d’aménager une porte d’entrée sur le jardin. Une porte pouvant rester ouverte, mais inspirant encore ce désir qu’évoque toujours un jardin clos.

Maçonneries

Dans une logique environnemental, la maçonnerie du projet sera réalisée dans la mesure du possible avec les matériaux extraits lors des fouilles de fondation. L’aspect final des murs sera ainsi intrinsèquement lié au terroir, et participera d’une réduction du bilan carbone par l’absence de transport de matières premières.

Ossature bois

L’ossature de l’étage sera recouverte par un bardage vertical. Cette disposition permet un meilleur vieillissement du revêtement. Le bois choisi est le mélèze régional, conservé dans sa teinte naturelle. À moyen terme, sa teinte beige prendra des nuances de gris et de terre de sienne.

Toiture

Le souhait de la maîtrise d’ouvrage était d’avoir une maison qui s’approprie le charme des matériaux naturels dans un esprit résolument moderne . C’est pourquoi nous avons fait le choix d’une toiture terrasse non accessible. Cette dernière est traitée avec un soin particulier, et sera exempt d’émergences techniques susceptibles de gêner le voisinage. Là encore, les matériaux utilisés seront d’origine locale : les carrières de granulats alluvionnaires de la CCVG fourniront le recouvrement de l’étanchéité.