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Dire qu’un matériau est écoresponsable ne tient pas de la formule magique ! Cette qualité résulte d’une conjonction de données favorables, parmi lesquelles :

  • Sa capacité à stocker le CO2
  • L’impact environnemental de son extraction et de son transport
  • La propreté de sa mise en œuvre
  • Sa capacité à être recyclé.

Je vous propose de survoler rapidement ces notions et de comprendre en quoi la pierre combine avantageusement tous ces points.

Bilan carbone : de quoi sont faites les pierres ?

La première des valeurs permettant d’estimer la qualité environnementale d’un matériau, c’est sa capacité à stocker le carbone : autant de CO2 en moins dans l’air que nous respirons. À titre d’exemple, le bois est majoritairement composé de lignine, un polymère constitué de carbone, d’oxygène et d’hydrogène, ce qui le place traditionnellement parmi les champions du stockage de CO2 : le fameux « poumon vert ».

De même, les pierres à bâtir, et plus spécialement les calcaires, sont composées en majorité de carbonate de calcium (CaCO3) et de carbonate de magnésium (MgCO3) issu de la photosynthèse des océans : le fameux « poumon bleu ».

Les micro-organismes vivant à la surface de l’eau utilisent en effet le carbone pour fabriquer leurs « coquilles ». En mourant, leur dépouille se dépose au fond des mers, se sédimente et finit par constituer une roche homogène. C’est ainsi que les océans absorbent environ trois milliards de tonnes de CO2 par ans ! À titre de comparaison, les forêts en stockent cent millions de tonnes.

Opter pour la pierre, c’est choisir un matériau qui stocke efficacement et durablement le carbone de l’atmosphère.

Extraction : matériau local et économie circulaire… de la carrière au chantier

Stocker le carbone, c’est bien, ne pas en émettre lors de l’extraction c’est mieux.

Autrefois, la pierre demandait de longues heures de travail par les carriers pour être extraite, dégrossies, taillées, débitées… puis acheminées sur le chantier.

Aujourd’hui, la modernité nous offre l’opportunité de simplifier et d’alléger le coût énergétique de l’extraction et son poids environnemental. Dans une carrière bien équipée comme à Fontvielle, la majorité des outils sont électriques, et utilisent de l’eau recyclée. La dépense d’énergie pour débiter ce calcaire tendre aux beaux reflets blonds est minime, lorsqu’il est rapporté à la masse de matériau extraite.

De plus, l’impact sur l’environnement est neutre : pas de coupe claire dans les forets, pas d’émission d’hydrocarbure, pas de solvants ou de fongicides qui se promènent dans l’eau… Bien sûr, il y a un impact sur le paysage auquel il faut se résoudre, mais ce dernier revient rapidement à l’état sauvage lorsque le site n’est plus exploité. Mieux, les anciennes carrières deviennent souvent des zones humides, riches de biodiversités.

Les carrières de pierre d’Estaillade dans le Sud de la France sont un bon exemple de retour à l’état sauvage d’une carrière.

Le transport reste un volet à améliorer. Une meilleure répartition des carrières de pierres à bâtir permettrait de construire de manière plus locale, en économisant l’énergie dépensée pour l’acheminement de la matière première. Cette perspective est cependant fortement freinée par la difficulté administrative d’ouverture de carrière, et la taille encore restreinte du marché. À titre d’exemple, à Lyon, il faut faire venir les pierres des Bouches-du-Rhône ou du Gard. Cette réalité doit toutefois être comparée avec les pratiques des autres filières du bâtiment : acheminement du bois depuis le nord de l’Europe ou pire, convoyage de l’acier à travers les océans depuis l’Inde ou depuis la Chine…

Le transport fluvial est une piste que j’aimerai explorer pour mieux approvisionner la vallée du Rhône. Cette solution méconnue présente de nombreux avantages, et mérite que l’on s’y intéresse… (voici un lien vers le site des Canaliens si vous voulez creuser le sujet.)

Mise en œuvre : un chantier propre et respectueux des ressources naturelles.

L’exigence environnementale de s’arrête pas là, mais doit être maintenue tout au long de la vie du matériau, et en particulier lors de sa mise en œuvre. Deux aspects entrent en ligne de compte : l’énergie, et la consommation d’eau.

Au regard de ce dernier critère, la pierre, comme le bois a de grands avantages sur le béton armé. Ces deux matériaux permettent la mise en œuvre de chantier sec, et ont un impact positif sur la consommation d’eau. Leur emploi, s’il venait à se généraliser, permettrait de réduire la pression qu’exerce l’industrie de la construction sur les nappes phréatiques. En effet, le béton nécessite d’important volume d’eau pour être coulé, et les boues de chantier sont souvent rejetées au tout à l’égout.

Enfin, la pierre par sa mise en œuvre et sa longévité favorise le réemploi lors du démantèlement d’un bâtiment. Gilles Perraudin, architecte français ayant beaucoup construit en pierre au début des années 2000, résumait bien cette idée en disant :

Construire en pierre, c’est construire une carrière pour les générations futures

De fait, nos villages sont remplis de maisons construites avec les pierres d’un bâtiment écroulé ou démoli : c’est la véritable économie circulaire !


Abondante, disponible, variée et locale, la pierre est un matériau renouvelé en permanence par l’action des océans et des micro-organismes qui y vivent. Elle présente de véritables qualités environnementales tout au long de son cycle de vie. À ce titre, elle a toute sa place dans la construction contemporaine, de plus en plus sensible aux questions d’écologie.

J’espère que cet article vous aura donné envie de vous intéresser à ce matériau d’avenir pour vos projets. Je vous parlerai bientôt de l’esthétique qu’il déploie : un champ d’expression immense ouvert par sa diversité d’aspect et sa malléabilité.

Vous avez des questions ? Je me ferai un plaisir d’y répondre dans la mesure de mes capacités, et peut-être d’écrirz un article si quelques lignes ne suffisent pas. On se retrouve dans les commentaires !

À suivre : La pierre, un matériau qui a du style !