Pourquoi la pierre ?
Matériau iconique, fantasmé ou mal aimé, la pierre constitue la majorité du parc immobilier français. Abandonnée au cours du XXe siècle pour la construction en béton armé, elle est remise au goût du jour au début des années 2000 grâce à des qualités environnementales et à un coût rendu abordable par les nouvelles méthodes d’extraction et de mise en œuvre.
Matériau respectueux de l’environnement
En premier lieu, la pierre est un matériau ayant un impact environnemental particulièrement avantageux. Abondante, disponible, variée et locale, la pierre est un matériau renouvelé en permanence par l’action des océans et des micro-organismes qui y vivent.
Construire en pierre, c’est construire une carrière pour les générations futures
Composée en majeure partie par du carbonate de calcium (pour les calcaires) la pierre stocke de manière durable le CO2 et profite ainsi d’un bilan carbone intéressant. Son extraction et sa mise en œuvre sont peu énergivores et économes en eau (contrairement au béton qu’il faut cuire, puis couler par exemple), tandis que sa composition la rend imputrescible et ininflammable.
De plus, la pierre par sa mise en œuvre et sa longévité favorise le réemploi lors du démantèlement d’un bâtiment. Nos villages sont remplis de maisons construites avec les pierres d’un bâtiment écroulé ou démoli.
Matériau respectueux de l’Homme
Mieux, la pierre, parce qu’elle ne nécessite aucun traitement après sa sortie de la carrière, ne rejette aucun Composé Organique Volatil (COV) et permet d’améliorer la qualité de l’air dans les intérieurs. Sa structure microporeuse en fait un régulateur naturel d’humidité, tandis que sa masse améliore le confort thermique par inertie.
Matériau durable
Enfin, la pierre est remarquable par sa capacité à traverser les siècles.
C’est à l’aune de ces constats que nous avons mis au point un nouveau système constructif qui vise l’excellence énergétique et environnementale, tout en mettant en valeur les qualités de la pierre sur le plan du confort, de la longévité et de l’esthétique.
Pour creuser le sujet, je vous propose la lecture de ce bref article, et celle de cette plaquette édité par le Pavillon de l’Arsenal.
La pierre face aux réglementations thermiques ?
Si la RT 2012 peut être vue comme un sursis avec laquelle les architectes ont su composer, la RE 2020 va exiger d’eux des choix radicaux. Bien sûr, cette dernière porte sur une performance globale du bâtiment, et ne saurait être réduite à une performance thermique des parois. Mais le poids énergétique du chauffage est tel ! Il est inutile de tourner autour du pot : on ne peut éternellement trouver des astuces, bricoler des solutions ; in fine, il faut se résoudre à isoler efficacement.
Aujourd’hui, les modes constructifs proposés sous-performent, ou sont amenés à des compromis qui font émerger des contradictions internes insolubles : isolation extérieure, carottage et raidissement en béton armé par exemple.
Cette incapacité à trouver des solutions performantes et adaptées au matériau empêche la pierre de prendre la place qui lui revient. Bien qu’elle jouisse d’un excellent a priori de qualité et de prestige chez le grand public, elle le confronte au scepticisme des bureaux d’études, et, par capillarité, à celui des acteurs immobiliers. À cela s’ajoute un cadre juridique et normatif défavorable, dans lequel la pierre — à l’inverse du bois — n’a pas su imposer sa propre logique.
Il faut créer un environnement de confiance autour de la construction en pierre massive. Comment ?
Tout d’abord en trouvant des réponses directes et sûres aux exigences thermiques de demain. Tant que nous ne sommes pas en mesure d’écrire les règles du jeu, nous devons jouer avec celles qui existent. Ensuite, en normalisant et en faisant entrer dans la réglementation les procédés constructifs qui permettent d’atteindre ces objectifs.
Ce travail colossal ne peut être entrepris par un seul. Si l’architecte a effectivement une place prépondérante à prendre dans cette aventure en proposant des solutions architecturales, il doit aussi savoir s’appuyer sur des collaborateurs capables d’actionner des leviers juridiques et financiers d’envergure. Je veux parler des industriels du bâtiment, je veux parler des promoteurs immobiliers.
Dans une démocratie parlementaire, la question des masses et des minorités agissantes est centrale. Si nous voulons sérieusement faire bouger les lignes, c’est-à-dire écrire la loi, il nous faut pratiquer le réalisme politique et nous donner le moyen de ses objectifs. Lorsque Le Corbusier veut promouvoir une architecture nouvelle en ciment armé, il va chercher Voisin et Citroën. Quand Fernand Pouillon veut reconstruire le Vieux-Port, il s’acoquine avec tous les acteurs politiques qui comptent. Si nous voulons faire définitivement entrer la pierre dans l’ère de l’architecture thermique qui s’ouvre pour le XXIe siècle, nous devons trouver les acteurs industriels qui sauront y trouver leur intérêt et promouvoir le matériau.